L’Intermarché Express de Pantin teste la commande assistée par l’IA

Adhérent de l’Intermarché Express de Pantin (93) , Jean-François Lacaux est conquis parla solution conçue par FreshFlow : l'aide à la commande des F&L assistée par l’intelligenceartificielle apporte à son magasin des effets bénéfiques "en cascade".

Convaincu. " Tenue du rayon, engagement des collaborateurs, j’avais sous-estimé le cerclevertueux de cet outil ! " Adhérent de l’Intermarché Express de Pantin (93), Jean-François Lacaux est conquis par la solution conçue par FreshFlow d’aide à la commande assistée par l’intelligence artificielle. Et pourtant, avec ses 900 m² situés dans un environnement très populaire, rien ne prédisposait son magasin à ce qu’une telle solution y soit rentable.

" Nous sommes ici dans un environnement extrêmement concurrentiel, avec la présence denombreux soldeurs de Rungis sur les fruits et légumes, décrit Jean-François Lacaux. Je suis le seul généraliste du quartier "

Faciliter le réapprovisionnement

Derrière cette solution, en place depuis septembre dernier, se dessine l’envie de tester de nouveaux outils. Pour, s’ils le méritent, les faire remonter au siège dans ce souci d’interdépendance cher à l’enseigne et à l’adhérent. " Sur ce format Express, les fruits et légumes sont notre seul rayon trad, il nous faut donc soigner particulièrement cette vitrine du frais, estime le dirigeant. Je considère que cela manquait de ne pas pouvoir générer automatiquement le réappro aux F&L, alors qu’on ne peut plus s’en passer sur les produits gencodés. Quand FreshFlow nous a contactés pour nous présenter leur solution, cela nous a paru être compatible avec cet état d’esprit. " 

La taille du magasin n’est pas forcément une contre-indication pour l’utilisation de ce genre de dispositif. " Dans les petites structures, il n’y a bien souvent qu’un seul expert aux fruits et légumes , reconnaît Jean-François Lacaux. Et quand il est en vacances, il y a plus facilement des trous dans la raquette au niveau de la commande. Nous faisons toujours une grande confiance à "l’humain", mais ce type d’outil lié à l’intelligence artificielle peut être un filet de sécurité. " 

L’IA génère cependant une méfiance à ne pas négliger. La crainte de voir son emploi menacé n’est pas à prendre à la légère. " Après quelque temps, l’utilisation de cette solution est au contraire apparue valorisante, estime l’adhérent. Abdul Matin, notre responsable, a plaisir à me dire quand l’outil s’est trompé. Il n’est plus seul, mais "en équipe avec l’IA" : cette tablette ne prend pas sa place. Elle lui permet d’aller plus loin dans son travail ." 

Le logiciel a nécessité une période de familiarisation mais aussi d’ajustement des données pour une montée en puissance en novembre. " Depuis janvier, c’est la routine, le temps de digestion est passé, estime Jean-François Lacaux. Cette solution aide le collaborateur de prendre de la hauteur. S’il a une proposition de 4 colis, mais qu’il sait que le taux de service peut être moins bon le samedi, il en commande un de plus. Pour un autre produit, il préférera ne pas se « tanker » car il a repéré une grosse promo en face, etc. Il muscle son jeu avec un équipier supplémentaire." 

Dans les faits, cet « équipier » est capable de mouliner et de tirer le meilleur parti de deux ans de data. Et selon les données recueillies par Freshflow, le magasin suit à 87 % les suggestions faites par l’IA. 

Une casse divisée par deux

Soumis à une licence mensuelle (technologie SaaS), un tel système est-il rentable pour un rayon qui pèse environ 10 000 € de chiffre d’affaires par semaine ? Pour l’Intermarché Express de Pantin, la réponse est oui. " Sur le mois de janvier, c’est sans aucun doute amorti, calcule Jean-François Lacaux . Nous n’avons plus comme auparavant cet effet accordéon entre un peu de surstock et ruptures. Concrètement, j’ai divisé par plus de deux ma casse, qui selon l’extrait comptable a diminué de 5,7 % à 2,6 %. Les déchets sont limités et le client est plus satisfait, car un rayon géré trop en abondance a tendance à proposer des produits davantage défraîchis. "

En parallèle et pour mieux répondre aux attentes de ses clients sur l’année écoulée, le magasin a dû augmenter la proportion de fruits et légumes plus basiques ou d’entrée de gamme. En un an, les volumes sont restés stables, mais le CA a diminué de 1,5 %. " Même si la marge brute a baissé de deux points (à 27%), ma marge nette s'est améliorée de 1,5 pt à 25 % !" , apprécie l’adhérent. 

Quant au retour sur investissement, FreshFlow mentionne un gain de 5 € environ pour 1 € engagé en supers et hypermarchés. " Ce rapport me paraît même sous-estimé pour certains hypers, évalue Jean-François Lacaux. Pour mon magasin, dont le chiffre d’affaires annuel est inférieur à 8 millions €, j’estime que 1 euro investi dans cette solution m’en fait déjà gagner entre 2 et 3. Même si cela devait être à somme nulle, je vois des effets positifs en cascade : une commande plus juste, moins de casse, la satisfaction du collaborateur à gérer ses F&L et celle des clients, etc. "  

Mise à jour quotidienne

" Concrètement, notre outil se présente sous forme digitale, une tablette, qui ne se superpose pas mais vient en appui à la solution existante, explique Alexandre Tachet, responsable développement France chez FreshFlow. La configuration est quasi similaire à celle du webtélévente d’Intermarché, mais elle intègre en plus une gestion en temps réelle des stocks et des prévisions de vente. " Chaque matin, le chef de rayon envoie de manière systématique l’ensemble des données concernant les ventes réalisées la veille. Une opération qui ne dure environ que deux minutes et demie. 

Le temps qu’il nettoie, trie et mette au propre les linéaires, sa tablette est à jour. " C’est à ce moment-là que le chef de rayon challenge notre proposition, ligne à ligne, et qu’il se l’approprie ", ajoute Alexandre Tachet. Pour le moment, comme il s’agit d’un test, le passage de commande n’est pas encore automatisé et l’extraction est donc manuelle : " Sans intégration, il ne gagne pas de temps à cette étape, mais il n’en perd pas non plus ", remarque le spécialiste. 

Société allemande, FreshFlow voit sa solution expérimentée dans une vingtaine de points de vente Intermarché, Leclerc et Carrefour Market, ainsi que dans 150 magasins outre-Rhin (Edeka, Metro Group et Rewe. "L’interdépendance et l’investissement personnel pour le bien commun font partie des piliers de notre enseigne, conclut Jean-François Lacaux. Nous nous devons de trouver de nouveaux outils, d’améliorer les pratiques. Malgré des difficultés socio-économiques énormes dans l’environnement du point de vente, cela ne m’empêche pas de vouloir être novateur sur ce rayon stratégique des fruits et légumes : il me fallait vérifier si cette solution fonctionne. Je suis convaincu qu’elle en intéressera d’autres. “

Source: Lineaires, 15 mai 2024. AUTEUR : BÉATRICE MÉHATS